Le 15 avril 2019, juste avant le tirage au sort des poules du 30ème Tournoi Paul Nicolas, Daniel Fonteniaud, Président de la Ligue de Bourgogne Franche-Comté de Football Professionnel a bien voulu répondre nous accorder un entretien dans les salons de l’Hostellerie de la Poste de Clamecy, haut-lieu de réunion des commissions du TPN. 

Deux mois avant le mondial féminin organisé en France et quelques jours après la victoire des Bleues sur le Japon à Auxerre (3 buts à 1), nous lui demandions ce qu’il pensait du Tournoi, de l’avenir du football et de l’évolution du football féminin.

Daniel, relancer le Tournoi Paul Nicolas, c’était une bonne idée ?

L’équipe du tournoi autour de ses co-présidents a eut plus qu’une bonne idée. Ils peuvent être fiers de leur travail qui participe à la promotion du football au niveau régional et national. Nous sommes là pour les accompagner parce que nous apprécions énormément la démarche qu’ils ont mis en place autour de la mémoire de Paul Nicolas et la nouvelle dynamique qu’ils ont su créer autour de ce que l’on peut appeler le « nouveau tournoi Paul Nicolas ».

Un tournoi des réserves professionnelles, c’est une formule qui vous convient ?

Je crois que c’est une excellente chose dans notre football que les réserves des clubs professionnels jouent, que ce soit en Nationale 2 ou en Nationale 3 avec des clubs amateurs. L’intérêt de ce tournoi il est double. D’abord, il permet à tous de préparer la saison. C’est l’occasion de se rencontrer, de se préparer ensemble, de faire un peu de promotion du club au passage et puis aussi de rencontrer des équipes qu’ils ne vont pas forcément croiser pendant leur championnat. Cela crée des échanges entre les clubs pro, un brassage territorial intéressant, non seulement au niveau des joueurs mais aussi au niveau des staffs et des entraineurs. La formule est bonne et évolue bien et puis on s’appuie ici sur un territoire où il y a bien sûr un club pro, l’AJ Auxerre mais également  des clubs amateurs à Clamecy ou aux alentours. C’est une bonne valorisation du football et du lien qui relie le football professionnel et le football amateur.

Comment voyez-vous l’avenir du football et, en particulier, l’avenir du foot féminin ?

Le football traditionnellement c’était le football de compétition et ça reste bien évidemment notre coeur de métier mais on fait aussi beaucoup d’actions de développement en dehors des stades pour capter de nouveaux publics et les amener ensuite à être pratiquant, supporter, arbitres et aller assister ou participer à nos compétitions sportives. On a la chance, en ce moment, de travailler dans le sillage de la victoire des Bleus en Russie et de s’appuyer sur le premier Mondial féminin organisé en France. Le football a changé d’image ces dix dernières années et même si on a encore des problèmes ponctuels, globalement cette image est bonne et on est en pleine dynamique de recrutement que ce soit chez les garçons et aussi chez les filles. Dans les deux cas, on enregistre chaque saison une augmentation de 10% des effectifs et cela depuis quatre ans. Le football féminin a vraiment commencé en 2012 avec un grand plan de développement que nous relayons en région et on espère que la coupe du monde qui arrive permettra à l’équipe de France féminine de remporter enfin un trophée majeur. Les gens apprécient de plus en plus le football féminin. On l’avait déjà vu avec le France-Canada qui avait été magnifique à la veille des Jeux Olympiques en 2016 et on l’a encore constaté plus récemment avec le France-Japon à Auxerre. Un très bon match que les gens ont apprécié.

Comment expliquer un tel engouement en si peu de temps ? 

Le football féminin amène un autre public au stade. Un public qui ne vient pas habituellement et qui vient parce que ce sont des féminines, qu’elles jouent bien, que techniquement et tactiquement elles ont fait d’énormes progrès et parce qu’il y a beaucoup de jeu. Il y a très peu d’arrêts de jeu, très peu de fautes, elles jouent dans un très bon esprit et ça plait. Donc on surfe là-dessus pour faire venir du public, pour amener des filles à jouer, pour recruter dans toutes les autres familles du football. Il nous faut former des éducatrices, des arbitres, des dirigeants. On y travaille depuis quelques années et cela commence à porter ses fruits. On a créé le club des 100 femmes dirigeantes qui a été mis en place par la Fédération (dans lequel la BFC compte 12 dirigeantes) pour essayer de les amener, sur 3 ans, à des postes à responsabilité. Il y a trop peu de femmes qui ont des postes importants dans le football. On a une chance inouïe dans la Nièvre, puisque Françoise Vallet a été la première femme présidente de district.  Aujourd’hui elles ne sont que deux et aucune femme n’est présidente de Ligue en métropole comme en outremer. Le foot a encore du travail à faire vis-vis des femmes.