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      • JEAN-DANIEL LORIEUX •

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      En 2010, Jean-Daniel Lorieux célèbrait avec un double bonheur, les deux facettes de sa vie artistique : 40 ans de photographie et 10 ans de peinture. Cet homme d’instant et d’instinct a la faculté particulière de capter les choses, de les engranger puis de les transformer pour les redonner au monde, sublimées et attirantes. De la féerie des années cinquante à sa récente contribution au Musée d’Art Moderne de Moscou, son œuvre n’a cessé d’évoluer au fil d’une vie trépidante, exotique et atypique. Ses fibres de création ? La beauté, l’action, le désir, le dialogue et, surtout, l’humour. Pour ce conteur d’histoires courtes, tout n’est que mise en scène et les coulisses sont aussi cruciales que le plateau. Il a fait son adage du conseil de Louis Jouvet, « Mets un peu de vie dans ton art et un peu d’art dans ta vie… ». Paradoxalement, c’est la guerre d’Algérie qui lui offre sa première vocation : la photographie. Pendant deux ans, dans l’unité de reconnaissance de la 2ème DB, il fixe sur pellicules puis révèle, dans un labo de fortune, les pires horreurs de l’humanité. Démobilisé, il se jure, en revoyant le ciel de Provence, de ne plus accepter que le beau côté des choses. Pierre Cardin lui passe sa première commande parisienne.

       

      Au Maroc, il remplace Helmut Newton pour une campagne Vogue USA. Sa carrière est lancée. Si Bourdin, Newton, Sieff, ou Bailey travaillent en studio et en noir et blanc, Jean-Daniel choisit, contre toutes tendances, les plus beaux extérieurs de la planète, la lumière et le soleil des îles des mers du sud. Il apprivoise icônes, nymphes et naïades sur les plages dorées des Bahamas, des Seychelles ou des Maldives…

       

      C’est la naissance du style Lorieux, élégant, teinté de dérision, d’évasion et d’esthétisme qui magnifie les bleus, les blancheurs étincelantes de pontons blancs, les lignes, les corps et les formes. Pendant 30 ans, photographe adulé du glamour, il mêle les couleurs vives à un zeste d’érotisme raffiné pour créer un univers positif, narratif, toujours empreint de mises en scène subtiles et souriantes. Il travaille pour Vogue, L’Officiel ou Elle, avec les plus grands top-models, signe les campagnes de nombre de marques de mode et de luxe… Attiré par les visages et les regards, il fait, parallèlement, une carrière de portraitiste, immortalisant Sinatra, Callas, César, Scola, Glenn Ford, Jacques Chirac, Johnny Hallyday, Rainier et Albert de Monaco, Carole Bouquet, Vanessa Paradis… A la fin des années 90, Lorieux photographe cherche un second souffle. Les clichés ne lui suffisent plus. Il veut revisiter ses photos, re-créer l’instant du déclic dans sa dimension onirique et artistique. Après un séjour en Indes, la lecture d’un ouvrage sur l’effet Kirlian et à l'aube de l’ère technologique, il s’essaye à l’image peinte, redonne vie à des instants figés en leur offrant une autre quête de perfection, une autre chance de perception.

       

      De la première vocation de Jean-Daniel émerge la seconde : la peinture qui sous-tend sa démarche artistique depuis le départ. Son atelier se remplit de pinceaux, de gouaches, de chevalets, de pigments, de feuilles d’or. Après une esquisse numérique, il "couche" ses photos sur toiles canvas et rehausse, à l'huile, de couleurs violentes, ce qu'il n'a pu exprimer sur pellicule. Les yeux s'illuminent de bleu ou de vert, les fonds virent à l’écarlate ou au vermillon, les couleurs investissent l'espace. La pâte modèle de nouveaux reliefs, fait ressortir l'éclat graphique d'un visage, les paillettes d'un regard ou la volupté d'un sourire, offrant aux images passées, à la fois une éclatante revanche et une double éternité... Le peintre alchimiste s'amuse du photographe, lui dérobe son univers pour mieux le transcender.  

       

      Après une première période, fort de ces expérimentations, Jean-Daniel dispose désormais d’une double palette artistique qui réunit ses deux vocations. Chaque nouvelle prise de vue est désormais conçue pour devenir un futur tableau. Chaque nouvelle toile enrichit la compréhension d’une oeuvre iconographique dont Marc Lambron affirme qu’elle a d’ores et déjà « sa place dans les archives du temps ». Jean-Daniel expose partout dans le monde. À Paris, aux Galeries Leadouze et Besseiche, à Monaco, au Forum Grimaldi et à la Galerie Pastor Gismondi, à Cannes, Houston, Dallas, Los Angeles, Beyrouth, Hong-Kong, Moscou et Bruxelles. Le Grand Palais lui a rendu hommage fin 2008, au moment de la sortie d’une biographie riche en anecdotes étonnantes, intitulée "Confidences d'un voleur d'instants", un titre inspiré, avec son autorisation, de celui du film de Eric Le Seney.

      • PATRICK DUPOND POUR CÉLINE •

      En 2014, la Maison Céline, installée avenue Montaigne commande à Jean-Daniel Lorieux et Eric le Seney une série de films courts mettant en scène Patrick Dupond filmé à la Ménagerie de Verre. Cette série est destinée à être projetée au cours d'un défilé de mode au Théâtre des Champs-Elysées, en intermèdes entre deux tableaux d'un show intitulé Patrick Dupond danse pour Céline. C'est le succès de cette soirée parisienne qui va donner l'idée de prolonger cette collaboration et de créer, l'année suivante, une autre série de films qui seront, cette fois, projetés, toujours au cours d'un show de mode, au Royal City Center de New-York. L'idée de base, c'est de faire se croiser Patrick Dupond et Karen Mulder dans des lieux mythiques de Paris sans qu'ils ne se rencontrent jusqu'à ce qu'ils se rejoignent enfin à l'Opéra Garnier dont (petit clin d'oeil) Patrick est alors le Directeur ! Dans chaque film, Karen porte le vêtement majeur du tableau qui suit la diffusion sur écran géant. Le show a été applaudi par toute la jet-set internationale qui a eu droit, en guise de happening final, à une époustouflante prestation de Patrick Dupond en danseur japonais. Cette série de vidéo a été tournée par une équipe de 50 personnes à Montmartre, avenue Montaigne, sur l'île de la Cité, à Saint-Germain-des-Prés et à l'Institut du Monde Arabe.

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      JEAN-DANIEL LORIEUX :

      "DE MA FENÊTRE, JE REGARDAIS PICASSO"

        

      « On peut trouver curieux qu’un photographe aspire à devenir artiste peintre. Pourtant, c’est vouloir concilier deux pôles complémentaires de la même inspiration. Un cliché n’est qu’une recherche de toile, une toile une recherche de cliché. Dans la photo, art mineur, on apprivoise en chambre noire, on reçoit, on révèle. En peinture, art majeur, on affronte la toile blanche, on donne, on sublime. La photo c’est une captation et une protection, la peinture une création et une projection. C’est ce qui sépare Doisneau, Man Ray, Robert Capa ou William Klein de Jérôme Bosch, Turner, Renoir ou Gauguin.

       

      Enfant, ma mère recevait les grandes photographes de l’époque Laure Albin-Guyot et Dora Maar qui franchira, elle aussi, le pas de la peinture. De ma fenêtre, je regardai Pablo Picasso (le peintre le plus photographié au monde) promener son chien… Il m’en est resté comme une influence subtile, un dilemme intime, un miroir à deux faces. D’un côté, la photo, immédiate, maternelle, féminine, protectrice. De l’autre, le grand art, le génie à forte image paternelle, d’évidence inaccessible…  En Algérie, je me surprenais à être capable de braver le danger en me réfugiant dans les prismes de mon viseur. Sur les plages, dans les îles, la protection de l’appareil photo s’est avérée tout aussi efficace, et, heureusement, beaucoup plus pacifique. Elle créait un champ, un espace, des règles, comme la rampe et le masque sont nécessaires au théâtre. Je voulais magnifier, sortir du cadre, faire exploser les couleurs et les formes, souligner les lignes de fuite et les perspectives. Avec un brin d’humour. Je n’étais pas dupe de mon incapacité à toucher l’absolu. Il y a, dans les photos de cette période, beaucoup de portes à franchir, d’horizons à atteindre, de barrières de corail à dépasser. 

       

      La photo ne me satisfaisant plus pleinement, j’ai trouvé dans les esquisses numériques, un subterfuge cathartique. Des déjeuners avec Salvador Dali qui m’expliquait les vertus du transcendantal, de ma fascination pour les piscines californiennes de David Hockney et, surtout, de mes collaborations avec Andy Warhol, j’avais suffisamment nourri mon rêve pour qu’il accepte le chemin de la réalité. Peintre virtuel, j’ai appris, à chaque cliché photographique, à moins me protéger pour oser, 50 années plus tard, prendre le risque de me projeter… » 

      • Marguerite et son maître •

      Début 2008 : Après une exposition remarquée au Musée d’Art Moderne de Moscou, Jean-Daniel Lorieux se voit proposer par le milliardaire russe Evgueny Yakovlev, de réaliser 22 tableaux et 45 photos illustrant Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, avec Isabelle Adjani dans le rôle titre.

       

      Juin 2008. Capté dans les plus beaux décors de la capitale russe et estimé à 1,5 millions d’euros, ce shooting est "le plus cher" des 20 dernières années. Des images de ce making-of qui suit le travail de Jean-Daniel ont été projetées durant l'exposition. Les 45 photos choisies ont fait l'objet d'une exposition en grand format présentée à Paris, à Moscou, à Genève et aux Etats-Unis.

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      Ecrit en secret sous le régime stalinien par l’un des génies de la littérature soviétique, « Le Maître et Marguerite » est une œuvre culte qui touche au fantastique sur le thème de la quête de l'amour absolu. L'écriture de ce livre est en soi une histoire inouïe puisque l'écrivain en a brûlé six fois le manuscrit avant de donner ses dernières corrections de la version finale quelques jours avant sa mort, en 1940. Auteur maudit dans son pays de son vivant, « Micha » Boulgakov a su, avec ce roman étonnant, toucher le cœur de millions de lecteurs. Il est aujourd’hui considéré, partout dans le monde, comme un génie de la littérature russe.

       

      En 1912, à 21 ans, Mikhaïl Boulgakov emmène dix fois sa fiancée voir Faust, l’opéra de Gounod. Une histoire de pacte avec le Diable qui influencera sans aucun doute l’écriture, à partir de 1929 et sur 12 ans, de son quatrième roman « Le Maître et Marguerite ». 

       

      Au cours des années 30, en pleine répression, Boulgakov travaille secrètement à son roman majeur, sublimant les désillusions de sa réalité par la dérision et le fantastique, écrivant une magnifique histoire d’amour tout en égratignant le régime en place. Le Maître et Marguerite fourmille de personnages étranges, drôles, émouvants et parfois absolument répugnants. Le roman entrelace habilement trois histoires qui sont racontées, du mercredi précédent à la nuit du dimanche de la Semaine Sainte. D'abord des événements sataniques orchestrés par le mystérieux Professeur Woland qui déstabilisent Moscou. Ensuite l’époque de Pilate et de la crucifixion de Jésus Christ. Enfin, le récit de l'histoire d'amour entre Marguerite et son Maître.

       

      C’est sur la passion de Marguerite, capable de signer un pacte avec le professeur Woland, alias le démon, et de devenir sorcière pour libérer son amant, le Maître, un auteur rejeté qui se croit malade que Jean-Daniel Lorieux a choisi de se concentrer pour offrir sa propre vision du roman et en dégager les temps forts du chemin de l’héroïne : rencontre avec le Maître, l’onguent et la métamorphose, vol de sorcière au-dessus de Moscou, le bal du diable, etc...

       

      Un travail qui propose un contrechamp au cliché habituel du dandy dilettante de ce photographe peintre qui a su faire évoluer son œuvre en y ajoutant une dimension culturelle forte, internationale et romanesque, prolongement direct de recherches artistiques plus intimes menées en parallèle de ses photos glamour. Isabelle Adjani, dans la veine d’Adèle H, de Nosferatu ou de Camille Claudel trouve là un personnage, un texte, une ambiance, des costumes et des décors à la mesure de son talent et de sa grande complicité avec l’un de ses photographes préférés.